Hainaut Culture, via sa Bibliothèque provinciale louviéroise, développe le projet Une heure à la bibliothèque, une émission dont le contenu se trouve sur Soundcloud (lien ci-dessous). Des auteurs y sont interviewés sur leur actualité, mais aussi sur les rapports qu'ils entretiennent avec les bibliothèques. Le territoire de diffusion concerne toutes les provinces (via les radios locales).
Jean-Marc Turine sera l'invité de l'émission prochainement, vous pouvez déjà entendre une partie de son interview. Dans Révérends Pères :
Pourquoi sortir du silence ? "Le silence familial m'avait peut-être contaminé. Mon grand-père avait été gazé pendant la Guerre. Il était médecin. Il est sorti détruit de la guerre. Il buvait. Il prenait des médicaments. Son histoire a été tue. Je lui a rendu hommage en écrivant mon roman Foudrol en 2006. Moi-même je n'ai pas voulu un mystère de cet ordre. Ma famille le devinait. Ils me voyaient boire. Aujourd'hui, je suis sorti de l'alcool. C'est difficile d'expliquer le pourquoi des choses, mes explications restent un peu dans le flou. Je ne sais pas si j'ai écrit l'indicible. Mon frère a aussi été victime d'approches de la part d'un Père. Ce même Jésuite plus de vingt ans pus tard a démoli un jeune garçon. Cet homme a sévi longtemps...On peut imaginer le nombre de victimes dans ce Collège, on s'y pressait. C'est un crime d'imposer le célibat à des hommes. La pédocriminalité doit être punie. Il faut mesurer l'ampleur du crime. L'Eglise doit se questionner sur le sens de ces prêtres célibataires."
Pourquoi avoir subi si longtemps, pendant des années, quatre ans, sans dire un mot ? "Ma mère a soupçonné quelque chose. Je n'ai jamais rien dit. J'ai voulu effacer cela de ma mémoire, je suis remonté plus loin que l'âge de mes treize ans, j'ai effacé plus loin. Je voulais que mes enfants et mes petits-enfants sachent. Mes fils ne veulent pas entendre ces histoires. Ils ont été effarés par le père souffrant que j'étais, alcoolique. J'avais commencé à écrire un texte en 1978, mais il n'était pas juste, il n'avait pas de musique, de virulence, d'amour et d'amitié ? Je l'ai repris en étant témoin d'une scène en 2018 où j'ai cru voir un prédateur et sa victime. J'ai alors écrit pendant trois ans, avec le soutien de Caroline Ouazana, conseillère littéraire à qui le livre est dédié, qui m'a encouragé à écrire un récit, pas une fiction, car j'ai essayé la fiction."