Concours

Comment recréer du lien en entreprise ? Comment veiller à ce que chacun conserve sa place ? Comment « manager » en ces temps de télétravail obligatoire ? Comment rendre à chacun le plaisir d’être au travail ? Ces questions, posées lors d’un webinaire organisée par l’ABCi, l’Association Belge des professionnels de la Communication interne, témoignent d’un mal-être profond et généralisé. Elles appellent à imaginer des pistes de solutions.

 Quel mot définit votre ressenti dans cette crise ? Au centre du nuage de mots, huit lettres très grandes : SOLITUDE. La solitude, la perte de repères, la dissolution des liens sociaux et professionnels expliquent sans doute les sentiments globalement négatifs formulés par la centaine de participants à ce débat, organisé au Pass et animé par Christine Donjean, en charge des ateliers pour l’ABCi. Autour d’elle, cinq experts -Yves Coppieters, épidémiologiste et professeur de santé publique à l’ULB ; François Lambotte de l’UCL; Fabian Vanhouche, travaillant dans une agence de communication événementielle; Maxime Arcari, fondateur d’UTOPIX qui s’est repositionnée en « live streaming » en 2020 ; Chris Viceroy, directrice du PASS à Frameries- et des analyses convergentes : il y a urgence à recréer du lien, de l’informel.

Les trois enquêtes réalisées pour l'étude Moodfactory-UCLouvain dressent un constat alarmant: manifestation de mal-être au sein de l'entreprise (grande fatigue, stress, découragement...) tant du côté des collaborateurs que des responsables: ils se disent plus fatigués, ils manquent de temps, sont mal informés et éprouvent des difficultés à rassembler. Le stress a un impact majeur sur les travailleurs qui ont besoin d'informations sur le futur de leur structure, sur l'organisation du travail et ont visiblement envie de s'impliquer... Des facteurs de risques que les experts présents à ce webinaire estiment prioritaires. 

Si le télétravail offre une multitude d’avantages, améliore la concentration, diminue le temps consacré aux transports, son exclusivité pose un certain nombre de soucis : l’isolement, la perte de repères, l’ « oubli » pur et simple de certaines personnes qui « disparaissent de l’organisation », la perte d’engagement au sein de la structure, l'éloignement du lien institutionnel… La liste est longue.

Assignés au télétravail obligatoire, de nombreux salariés ont perdu l’informel qui soude une équipe et beaucoup ont très mal vécu les étiquettes « fonctions essentielles » et « non essentielles », surtout au sein de certaines structures comme les hôpitaux. 

La crise d'exceptionnelle est devenue structurelle, les moments de tensions ne diminuent pas: la gestion de crise s'est généralisée mais, pour les experts, il est indispensable de remettre le projet de l'institution, du service au coeur des préoccupations des responsables. 

« Il faut reconnecter les gens », expliquent en chœur les experts. « Générer à nouveau de l’engagement, trouver un format de management adéquat qui évite une forme de disparition progressive des travailleurs plus discrets auxquels on finit par ne plus s’intéresser ni donner de travail. » De part et d'autre, des formations, des accompagnements sont réclamés pour appréhender ces nouvelles manières de travailler.

Télétravail : pas plus de deux jours

Aller vers les collaborateurs, montrer qu’on tient à eux, qu’ils sont importants pour l’institution sont des pistes pour recréer du lien. Les idées ne manquent pas : pourquoi pas une réunion balade dès que le temps le permet ? Pourquoi ne pas laisser vivre les émotions, la joie, l’humour même derrière un écran ?

Beaucoup de structures ont (ré)inventé des pratiques professionnelles tout au long de cette année et expérimenté d’autres approches. Cependant, les intervenants sont unanimes : lorsque le télétravail reprendra sa juste place, il ne pourra plus excéder deux jours par semaine. Au-delà, les repères s’effritent.

Dans les mois à venir, les craintes des grands rassemblements risquent d’être tenaces et les experts s'accordent à dire que recréer ces moments de convivialité est indispensable mais prédisent que les « événements barnum, strass et paillettes » mis en place par les entreprises pour leur personnel seront abandonnés au profit de rencontres plus modestes et plus authentiques. Ce besoin d’authenticité, de lien, de contact est à mettre en perspective avec l’étude réalisée sur l’état de santé des Belges.

La santé « ressentie » répond à la question : est-ce que je me sens en bonne santé ? On constate, comme l’a souligné Yves Coppieters, que le nombre de Belges qui se déclarent en mauvaise santé a augmenté de 10% en un an. Un tiers des personnes interrogées se sentent mal. 40% de la population connaît aujourd’hui des troubles anxieux et dépressifs, 72% des troubles du sommeil. Les indicateurs de la santé mentale sont alarmants. Ces informations sont capitales pour les spécialistes de la santé publique parce qu’annonciatrices de maladies chroniques et de cancers, elles préfigurent de l’état réel dans lequel se trouveront les citoyens dans les mois et les années à venir. Une épidémie se termine toujours. Celle-ci comme les autres. D'ici là, il faut utiliser les ressources dont nous disposons pour recréer ces moments qui nous manquent tant.

 

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