Véronique Janzyk est une collègue de Hainaut-Culture. Elle accueille régulièrement des auteurs pour le réseau des bibliothèques louviérois et anime aussi des ateliers. Mais c'est aussi une autrice. Elle a publié plusieurs livres ainsi qu’un recueil. Son dernier ouvrage s'intitule Parce qu’aucun animal ne nous appartient et il est paru aux éditions “ONLIT”. Rencontre avec une collègue à la plume très prolixe, pour qui écrire est tout autant un geste essentiel qu’une sorte de rituel.
“Je dois toujours avoir un sujet que je porte dans un coin de ma tête et sur lequel écrire, sinon, je ne me sens pas bien, je suis comme incomplète. C’est primordial pour moi !"
Ce sont les aléas de la vie avec ses rencontres et ses secousses qui font généralement poindre les nouveaux sujets qui seront mis en mots par elle. Car dans ses livres, Véronique Janzyk nous confie souvent un peu de son intimité, comme dans “la Robe de Nuit”, un texte émouvant qui abordait l’hospitalisation de sa maman suite à une chute.
C’est à nouveau un peu d’elle-même qu’elle nous souffle ici, avec un livre qu’on reçoit comme une caresse.
Cet ouvrage est une sorte d’anthologie de connivences improbables entre humains et animaux. Il y est aussi question des nombreux sauvetages que l’autrice accomplit spontanément, sans jamais tergiverser. Défilant sous nos yeux, des êtres parfois farouches se succèdent pour former un drôle de cortège. Derrière une profonde vigilance teintée de délicatesse, se cache un intérêt sincère pour l’autre, quel qu’il soit. Cette évidence se révèle page après page : chaque vie compte et tous ces êtres sont dignes d’être accompagnés. Ces moments partagés nous enseignent des facettes de notre humanité tandis qu’au départ, il s’agissait simplement d’aider ou de protéger quelques animaux.
On peut être étonné, voire même envieux face à toutes ces rencontres touchantes qui sont dévoilées, qu’il s’agisse du chien au pelage en pagaille qui deviendra “Douce”, ou de “Tropico”, coloré comme petit un arc-en-ciel… Mais ce que nous révèle ce recueil, c’est qu’il ne tient qu’à nous d’être affûtés au monde, pour vivre aussi ces moments privilégiés de partage. C’est d’ailleurs le sens de la citation de Gaston Bachelard qui introduit le livre : “Ce sont les animaux qui viennent à nous pourvu que nous leur fassions signe“. Cette complicité ne peut naître que si l’on est attentif aux autres.
« Ce qui est fascinant chez les animaux, c’est la manière avec laquelle ils mobilisent toute leur intelligence pout communiquer avec nous, sans parler, ils sont comme de petits laboratoires qui nous enseignent énormément sur nous-mêmes, c’est aussi pour cela qu’il peut sembler important de toujours agir pour eux, sans jamais passer notre chemin ».
Nourris du quotidien, les récits que Véronique couche sur le papier l’accompagnent tout d’abord au long de ses journées, tandis qu’elle nage ou qu’elle conduit. Elle les triture continuellement dans les replis de son esprit, maniant son texte dans sa tête. Lorsqu’elle se pose pour les mettre au monde, très tôt le matin, les mots se succèdent sans qu’elle ne doive plus trop jongler avec eux, offrant un texte déjà très abouti. La grande finesse et la fluidité de son écriture sont sans doute la conséquence d’une forme de discipline qui scande ses journées : levée bien avant l’aube, pour écrire, pour lire aussi, puis se rendre à la piscine, chaque jour, avant de rejoindre son travail.
« Autant que je m’en souvienne, j’ai toujours écrit. Dès l’âge de 9 ans, je tenais un petit carnet dans lequel je consignais les éléments de mon quotidien. J’y déposais beaucoup de moi, mais un jour ma mère a découvert ce journal et elle l’a lu. Elle était assez fâchée, car j’y livrais mon ressenti sur nos conflits aussi. Mais ce désir d’écrire ne m’a jamais réellement quittée, il fait profondément partie de moi ».
Comme enchevêtrés les uns dans les autres, les projets d’écriture de Véronique Janzyk l’habitent. En ce moment, elle travaille plus particulièrement sur deux textes dont l’un restituera quelques fragments de vie en compagnie d’un SDF vers qui Douce (la chienne qu’elle avait recueillie) l’a conduite un jour. Finalement ce qui transporte Véronique, c’est sans doute la vérité du quotidien, sa force vitale, loin de toute forme de comédie sociale.
Ses auteurs favoris, Franz Barteld et Christian Bobin, témoignent également de cette même quête de justesse au travers leurs narrations, en faisant l’éloge de la vie de tous les jours de manière simple et authentique. Elle nous les a chaudement recommandés alors nous allons nous y plonger.
Le livre de Véronique est disponible ici ou chez tous les libraires indépendants du réseau LIBREL.