La gestion écologique de nos espaces verts : une nécessité !
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Eco-développement territorialVous l’aurez remarqué sur nos différents sites, les gazons taillés au ras du sol ont laissé la place, par endroit, à des herbes hautes qui peuvent faire penser à une absence d’entretien. C’est tout le contraire ! Derrière cette réalité, c’est une nouvelle philosophie qui s’est mise en place et qu’on appelle la gestion écologique des espaces verts. Elle nous invite toutes et tous à changer notre rapport à la nature.
Séverine Diepdael, vous êtes paysagiste – chef de bureau technique au Département Etudes spécifiques – Section biodiversité chez HGP. C’est quoi au fond la gestion écologique ?
C’est entretenir autant que nécessaire mais aussi peu que possible ! C’est donc une approche raisonnée des espaces verts au service d’une plus grande biodiversité. C’est une réflexion globale sur la manière de gérer les déchets, de tailler les arbustes, de tondre les pelouses, etc. Une autre façon aussi de travailler pour notre personnel appelé à traduire cela sur le terrain. Et comme pour tout changement, il faut un peu de temps pour assimiler ces nouvelles pratiques qui répondent aux lois régionales, fédérales et européennes en matière de biodiversité.
Un mouvement qui ne date pourtant pas d’aujourd’hui à la Province de Hainaut ?
En effet, en 1999, on a déjà mis en place le compostage. L’arrêt des produits phytos date de 2014. Puis, il y a eu la lutte contre les espèces invasives, l’éco-pâturage en 2016 et plus récemment le fauchage tardif et la tonte différenciée. Aujourd’hui, on doit aller plus loin. La gestion écologique ne bannit pas le « tout horticole » mais le remet en question. Par exemple : le temps important consacré à la tonte et au débroussaillage doit diminuer au profit de pratiques plus pointues comme la taille raisonnée des arbustes. On ne va plus tailler les arbustes en boule, on va leur laisser de l’espace. Cela va diminuer la quantité de déchets verts, et donc réduire les transports de camions et leur impact environnemental. C’est un cercle vertueux.
Mais nous sommes encore nombreux à trouver qu’un gazon bien taillé est plus joli que de laisser pousser des « herbes folles » ?
Oui, beaucoup sont encore dans cet état d’esprit. Mais si on leur explique qu’un gazon coupé à 4cm va beaucoup moins bien résister aux canicules, de plus en plus nombreuses dans notre pays, ils vont peut-être changer de perspective. Les tontes différenciées ont tellement d’avantages tels que faire baisser la température, améliorer le sol et favoriser la biodiversité. Quand on réalise un fauchage tardif, on laisse des zones refuges qui permettent notamment aux insectes de passer l’hiver sous différentes formes (larves, œufs, cocons) et donc de multiplier le nombre d’insectes en été, ce qui permet de préserver l’écosystème, de protéger les pollinisateurs, tellement indispensables à l’équilibre de la biodiversité.
Des actions seront mises en place ?
Du côté du personnel du Département des espaces verts, nous allons proposer des formations sur mesure sur les avantages de cette gestion écologique, via l’asbl ADALIA qui forme déjà tout le personnel des communes wallonnes.
Avec les employés des différents sites provinciaux, on aimerait lancer à termes des petits recensements d’insectes et autres tout comme le fait déjà la Région wallonne avec son grand recensement annuel des papillons par exemple. Prendre ensemble le temps d’observer ce qu’il y a autour de nous et comprendre que tout a son utilité (la « mauvaise herbe » est la nourriture de la chenille, futur papillon) changera, je l’espère, notre rapport à la nature. On prouvera donc ainsi que la Province de Hainaut est un maillon essentiel dans la préservation de la biodiversité!